Le respect du patrimoine, sa gestion doivent-ils nécessairement rimer avec musée, conservation, passé, voire passéisme ?
C’est autour de cette question, et dans un constant souci d’un patrimoine vivant à réinterroger sans cesse, que s’inscrit la mission du BrrB. Comment laisser sur les murs et les édifices de notre cité les symboles, qui même s’ils furent les siens à une époque lointaine, ne peuvent aujourd’hui rendre compte de sa réalité ? Certes, en ce sens, de nombreux pas ont été franchis, le blason de la ville a disparu de la plupart des documents officiels. Cependant, il reste encore à en faire un, le plus important, le plus délicat sans doute : réactualiser, dans la pierre même, ce blason, reflet d’un système passé qui ne peut nous correspondre. Voilà le rôle du BrrB, alliant nouveaux procédés de construction, nouvelles technologies, respect et connaissance de l’histoire, donner à une ville l’image qu’elle mérite ; et faisant écho au propos de grands architectes contemporains, tels que Jean Nouvel, oser réinjecter de l’utopie dans nos villes. Un tel projet ne pourrait exister sans une certaine dimension européenne. Voilà pourquoi, outre les textes de chroniqueurs français tels Noël Taillepied (XVIe siècle) ou d’historien comme P.A Chéruel (1840), qui le premier su voir dans cet agneau le symbole de la richesse d’une ville dont la laine était la matière essentielle de l’industrie ainsi que la puissance grandissante d’une corporation (les drapiers) ; nous avons voulons appuyer ce grand projet de réactualisation sur le texte du juriste anglais Thomas More qui dès 1516 constatait la même évolution dans l’économie de son pays. Pour lui, une nouvelle économie était née, le mouton, et son élevage, en serait le symbole. Cette modification notoire des campagnes allait jeter à la rue des familles entières de fermiers les condamnant à la mendicité, à la prison, au vol, à la potence. Force est de constater, que ce mouton ne veut plus rien dire, d’autres raisons jettent aujourd’hui les gens à la rue. Il est alors temps de revisiter les chemins du passé, afin de donner à Rouen un emblème capable de rendre compte de ces nouvelles réalités. Désiré Fol. Président du Bureau de Recherche et de Réactualisation des Blasons. |