Question, écho au texte de Thomas More : “ Quel mouton vous a chassé
et vous dévore ? ”
Réponse :
“ Dès mon arrivée dans ce monde, les complications se dévoilaient.
Perte, trop jeune, de mes parents, à l'âge de six ans.
Perte de ma famille.
Perte de mes amis.
La douleur , comme une cicatrice dans l'infini.
Pendant les seize premières années, la réalité a été trop cruelle
à mon égard. Esseulé, tout m'était étrange. Je me cantonnais dans
des hésitations. Angoissé, j'avais peur de moi-même. J'avais oublié
l'assurance et l'amour.
J'entrais dans le monde du travail et des rencontres féminines.
A vingt ans, je côtoyais la mort ; résultat : jeunesse en psychiatrie,
connaissance de divers foyers, suivis d'une alcoolisation destructive.
Plusieurs cures, puis, un moment de répit, éphémère. Le sort s'acharnait
: licenciement économique, la femme que j'aimais me quitte, je me
réfugiais, une fois encore, dans ma perte. Dix années de galère.
Heureusement qu'il y a des rencontres intéressantes basées sur le
respect. Elles m'ont fait combattre, luttant jusqu'au désir de m'autoriser
à m'aimer.
Malgré tant d'embûches, c'est à quarante ans que je deviens adulte
et me sens considéré en tant qu'être humain avec un parcours.
Post Scriptum : Déstabilisé, je me suis dévoilé sans baisser les
bras, en croyant en moi,
et demain...
Demain...
Et merde ! Je profite du moment présent, avec saveur. Gardons notre
rancœur, et servons-nous de cette lueur qu'est la vie. ”
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